Les aventures familiales de Robin des bois
Bardé de prix en 2013, dont un As d’or et un Spiel, « Andor » de l’Allemand Michael Menzel avait ouvert une voie un peu nouvelle : celle du jeu de plateau narratif et coopératif à mi-chemin entre ameritrash et eurogame. Il revient en 2021 avec « Les Aventures de Robin des bois » qui a fait grande sensation au FIJ en début d’année. Alors, verdict ?
Comme « Andor », autour d’un matériel toujours aussi splendide, le jeu est découpé en une série de scénarios qui impliquent chacun de résoudre une situation narrative en optimisant ses déplacements et ses actions tout en explorant la carte – ici les environs de Notttingham. Si « Andor » avait cartonné auprès des joueurs et en termes de ventes, on avait pu lui faire trois principaux reproches : sa dimension « puzzle » qui nécessite une gestion des actions au poil de fesse près, principe un peu contradictoire avec les pelletées d’événements à piocher et de dés à lancer et, d’une façon générale, la part de hasard dans le déroulement des scénarios ; la dimension trop superficielle de sa narration, sorte de fantasy générique pas très salée ; sa mise en place fastidieuse.
Très évidemment, « Robin des bois » a tenu compte de ses critiques. Plutôt qu’une myriade de cases dont il était pénible de chercher les numéros (qui ne se suivaient pas !), il n’y en a ici aucune, mais plutôt, et c’est l’une des grandes trouvailles du jeu, un système de tuiles semi-dépunchées qui, une fois soulevées, dévoilent un élément de narration ; celles-ci sont, à chaque fois, localisées beaucoup plus clairement sur la carte. Exit également les lancers hasardeux, au profit d’une mécanique de bag building plutôt élégante, nettement moins frustrante que celle de son prédécesseur : lors du déplacement d’un joueur, celui-ci peut choisir d’aller moins loin, en échange de quoi il remet un cube blanc dans un sac, et devinez quoi : plus de cubes blancs, plus de chances de réussir les combats contre les gardes ou les nobles qui traînent dans les parages.
Question narration, ce n’est toujours pas un gros point fort du jeu (comparé au niveau de l’écriture de « Forgotten Waters », « Sleeping Gods » ou « Clank Legacy ») mais l’ensemble s’est nettement amélioré et est présenté sous la forme d’un magnifique livre agréable à manipuler. Un reproche tout de même : une durée de vie un peu courte, avec 7 chapitres qui prendront moins de 10 heures au total. Si l’on peut certes théoriquement les reprendre en explorant d’autres embranchements scénaristiques, on n’est pas convaincu de la réelle rejouabilité.
Sans être vraiment révolutionnaire, « Les Aventures de Robin des bois », s’accompagne de quelques idées de game design un peu fraîches, et offre des règles simples et un gameplay fluide. C’est un gros jeu familial qui ne déplaira pas aux adultes, à conseiller de préférence à 3 ou 4 joueurs pour tirer toute sa saveur de l’exploration et des interactions entre les personnages.
(4 / 5)Les Aventures de Robin des bois, de Michael Menzel (Iello)
2-4 joueurs à partir de 10 ans
https://www.iello.fr/fr/fiche/les-aventures-de-robin-des-bois