Retour sur « Les Crimes du Docteur Watson », livre-enquête
Les livres-enquête contenant des fac-similés de documents, voire de petits objets, ne sont pas légions. La première série fut sans doute celle, aujourd’hui collector, de Dennis Wheatley, publiée originellement dans les années 30. Plus récemment, « Cathy’s Book » a renouvelé le genre en apportant une dimension ARG.
Paru en 2009, « Les Crimes du Docteur Watson » est un objet graphiquement irréprochable, alternant textes d’ambiance et faux documents insérés dans des enveloppes, conçus avec un souci du détail et du réalisme qui n’a pas grand-chose à envier à leurs équivalents réels dans les escape rooms. Comme dans « Unfinished Case of Holmes« , le scénario propose de revenir sur une enquête non résolue, datant de 1895, qui conduisit à l’arrestation du docteur Watson et son inculpation pour meurtre. Conçu en récit-gigogne – un avocat d’aujourd’hui reçoit un courrier contenant une lettre de Watson, envoyée à l’époque à un enquêteur américain – le texte est fluide et cohérent, et non dénué d’humour, et se lit en 1 à 2 heures.
Mais si la réalisation est splendide (magnifiée par la dizaine de documents allant d’un extrait de journal à une carte postale en passant par une boîte d’allumettes), l’investigation est quant à elle un bien beau gâchis, tant la solution proposée (dans une partie finale du livre cachetée) est abracadabrante et très en dessous au regard de la quantité d’indices et de recoupements qu’il aurait été possible d’effectuer. Un livre à réserver aux fans de Sherlock, plus qu’aux amateurs d’énigmes.
(3 / 5)« Les Crimes du Docteur Watson », de Duane Swierczynski (éditions Tornade)
60 pages.