Festival International des Jeux de Cannes : sur la croisette ludique
L’autre grand festival de Cannes c’est le FIJ, le Festival International des Jeux, le grand raout annuel des aficionados des jeux de société, grand public comme professionnels. Toute La Culture était présente pour venir y explorer les dernières tendances ludiques.
Le FIJ, qui s’achève ce week-end, c’est plus de 1100 000 visiteurs, 5 000 professionnels et 300 exposants, et des centaines de nouveautés présentés par les éditeurs sur leurs stands. C’est surtout l’occasion de remettre l’As d’Or, sorte de César du jeu de société. Cette année, c’est « The Mind » (petite perle ludique, éditée en France par Oya, dont nous avions déjà parlé dans TLC) qui triomphe dans la catégorie Tout public, accompagné de Mr. Wolf (Blue Orange) pour la catégorie Enfant et de « Detective » (Iello) pour la catégorie Expert – dont l’un des nominés était le déjà culte « Keyforge » (Fantasy Flight Games) de Richard Garfield, l’inventeur du célébrissime jeu de cartes « Magic The Gathering ». Autre jeu qui fait beaucoup parler de lui dans le salon, « Shadows of Amsterdam » (Libellud), une course originale à mi-chemin entre « Dixit » et « Codenames ». A observer les lauréats comme les dernières sorties sur les étals, on observe le succès grandissant des jeux coopératifs et des jeux d’enquête, qu’ils soient de vagues cousins du Cluedo ou plus directement inspirés par les live escape games.
Le festival est ponctué par des conférences et des animations (avec des thématiques socio-philosophiques à l’instar de ce brûlant sujet : « Pourquoi l’adulte ne s’autorise-t-il pas à jouer ? »), des rencontres de ludothécaires ou de la Société des Auteurs de Jeux. Un étonnant moment parmi d’autres : l’une des stars du milieu, Monsieur Phal (créateur du site web de référence Tric Trac) anime un inventif et détonnant de sensibilisation au jeu de rôle sous la forme d’un jeu d’improvisation, qui a même vu le public participer à la construction du scénario… Car le FIJ ne se réduit pas aux jeux de plateau, il déborde largement sur tous les univers ludiques, qu’il s’agisse de jeux d’extérieur, de jeux de figurines, de réalité virtuelle, ou même d’une sympathique création importée des Etats-Unis et qui ressemble davantage à un outil de développement personnel, « Sneaky Cards » (Cocktail Games), jouant avec des interactions dans la « vraie vie » sous forme de défis relayés sur lnternet.
Car le FIJ est d’abord un moment de rencontres. On y vient entre amis ou en familles s’immerger dans un immense espace entièrement dédié au divertissement intelligent. Un lieu propice aux auteurs de jeux en herbe ou plus confirmés pour présenter leurs créations les plus fraîches, autour de l’espace « protolab » ou encore des nuits du OFF, une salle qui leur est dédiée de 22h à 4h du matin… Parmi les jeux populaires, les « party games » – ou jeux d’ambiance – ne cessent de se décliner sous toutes leurs variations. C’est le cas par exemple de « Nonsense », un jeu du créateur de « Carabistouille » qui invite à deviner les mots planqués par un narrateur improvisant un mini-récit loufoque. Sous le soleil de Cannes et dans le Palais des Festivals, voilà encore une nouvelle démonstration que le jeu de société a le vent en poupe, et ne cesse de rencontrer un succès grandissant auprès d’un toujours plus large public. Comme une volonté, non pas seulement d’évasion, mais aussi de retour sur le réel, sur de vrais moments partagés physiquement ensemble autour d’une table : un sursaut vital dans notre époque de solitude numérique.